Tout en poursuivant ses multiples activités dans le domaine de la danse, Noureev prit le temps de jouer dans deux films, Valentino et Surexposé : malheureusement, ni l’un ni l’autre ne furent de bons films, bien que son jeu fût bon. Il expliqua qu’il ne lui avait pas été difficile de jouer sans danser puisque chaque ballet contient l’aspect du jeu d’acteur.
La danse est restée sa préoccupation principale et il sut saisir chaque opportunité pour danser tous les soirs lors de longues tournées ou de saisons à Londres (qui permettaient également à d’importantes compagnies d’Amérique, d’Australie, du Canada, d’Italie, du Japon et de Suisse d’être vues par un vaste public).
De plus, il inventa le groupe » Noureev et ses amis » qui se produisit dans des programmes de ballets nécessitant peu de danseurs réunis pour l’occasion. La première série de représentations eut lieu à Broadway et fut suivie de bien d’autres ailleurs.
Cela lui permit, lorsque, l’âge venant, sa résistance commença à décliner, de danser des rôles où le jeu et la plastique tenaient une place plus importante, laissant à d’autres les rôles plus exigeants sur le plan technique. Il se tourna vers d’autres rôles dans des grands ballets : le Dr Coppelius, le faiseur d’automates, ou des rôles créés pour lui dans le Manteau ou Mort à Venise. Le tout dernier rôle qu’il créa, peu de temps avant sa mort, fut le rôle mimé de la Fée Carabosse dans une nouvelle production de sa Belle au Bois Dormant à Berlin.
Avant cela, il avait déjà embrassé un nouveau domaine, la direction d’orchestre. De nombreux amis musiciens l’y avaient incité connaissant son amour de la musique et il prit des cours de direction d’orchestre. Il donna quelques concerts avec un orchestre viennois et des critiques sérieux estimèrent qu’il comprenait et percevait bien certaines œuvres.
A New York il dirigea Roméo et Juliette lors d’une soirée de gala à l’American Ballet Theatre au Metropolitan Opera House et fut applaudi par les musiciens de l’orchestre. La direction d’orchestre s’avérait une nouvelle carrière et il nourrissait des plans de création de plusieurs ballets. Malheureusement, son état de santé l’en empêcha.
Environ un an après avoir accédé au poste de directeur de la danse à Paris, il fut diagnostiqué séropositif. A l’époque, le sida se développant rarement, les médecins étaient d’avis que quelques personnes séropositives seulement développeraient la maladie, mais il fallut bientôt abandonner ce point de vue. Toutefois, la volonté de Noureev lui permit de continuer à travailler longtemps et on lui administra tous les traitements expérimentaux existants.
8 Octobre 1992 – Dernière Bayadère Opéra de Paris
Malheureusement, il s’affaiblit progressivement et sa dernière production pour l’Opéra de Paris ne fut achevée que difficilement et avec l’aide des collègues en qui il avait confiance. Cette version de la Bayadère qu’il souhaitait remonter depuis longtemps, s’avéra l’un de ses ballets les plus réussis, mais les photos de la première révélèrent au monde entier le degré avancé de sa maladie.
Il espérait toutefois poursuivre ses activités, hélas ses forces l’abandonnèrent et il s’éteignit à Paris le 6 janvier 1993.
Ses jambes (comme il le dit un jour – d’autres eurent parlé de son talent, son intelligence et son travail inlassable) avaient fait de lui un homme riche. Il était propriétaire de plusieurs maisons et appartements de part et d’autre de l’Atlantique, possédait des collections de peinture, d’objets d’art et d’instruments de musique dont il aimait jouer. Après avoir mis à l’abri ses deux sœurs et leurs familles, il légua toute sa fortune à deux fondations destinées à aider les jeunes danseurs et promouvoir la médecine de la danse. De plus, il laissa des souvenirs heureux chez d’innombrables personnes qui l’avaient vu danser ou avaient travaillé avec lui et qui savaient que le monde de la danse était devenu plus riche et plus fort grâce à lui.