Noureev remonte ses propres versions des grands ballets de Petipa

Rudolf Noureev Marius Petipa la bayadère

Lorsque Noureev dansa, pour la première fois avec le Royal Ballet, Giselle et le Lac des Cygnes, beaucoup se plaignirent de tout ce qu’il ajouta et modifia dans la chorégraphie. Cependant, Ashton, qui avait lui-même monté Giselle, disait : « Il eut été absurde de cantonner Noureev dans un moule pré-établi  » et Dame Ninette de Valois défendit vigoureusement cette approche.

Sa remise en question des versions des grands classiques le conduisirent rapidement à monter ses propres versions, et ce, d’autant plus souvent que cela lui permettait de danser un plus grand nombre de rôles. Il commença à remonter des productions inconnues en Occident telles que le tableau des Ombres de la Bayadère, et en 1964, à l’âge de 26 ans, sans expérience aucune de chorégraphe, il remonta deux œuvres majeures du répertoire en quelques mois : une version profondément remaniée de Raymonda de Petipa pour la troupe itinérante du Royal Ballet et une version entièrement repensée du Lac des Cygnes pour l’Opéra de Vienne.

Ce furent les deux premiers grands ballets sur les six qu’il remonta de Petipa tout au long de sa carrière, toujours en plus d’une version pour diverses compagnies, ce qui lui donna la possibilité de se développer et d’approfondir ses idées. On continue de les danser tous : la Bayadère étant la plus proche de l’original, Don Quichotte la reprise la plus réussie et Casse Noisette, la meilleure lecture entièrement nouvelle. Ces deux ballets sur la musique de Prokofiev sont de la même veine, avec un Roméo et Juliette hautement dramatique et fidèle à Shakespeare et à ses sources, et une Cendrillon dont l’action se situe dans les studios de Hollywood.

Il y eut également plusieurs ballets d’un acte, parmi lesquels le héros de Byron, Manfred, mérite de ne pas tomber dans l’oubli, de même que la Tempête. Il n’est pas étonnant que tous ses ballets comportent des rôles importants pour les danseurs principaux, mais il est également remarquable que, essentiellement grâce à une étude approfondie des ballets de Petipa, il a toujours régler des danses très difficiles et intéressantes pour lui-même et le corps de ballet. Ce qui est rare parmi les chorégraphes aujourd’hui.

Lorsque le Royal Ballet chercha un nouveau directeur en 1977, Noureev fut l’un des noms d’abord retenu, mais il ne fut pas retenu car il souhaitait continuer à danser.