Ballet en trois actes – Musique : Ludwig Minkus – Chorégraphie : Ruldof Noureev d’après Marius Petipa
Solor dans « La Bayadère » : un mythe, une légende, deux dates choc !
C’est le premier rôle dansé par Rudolf Noureev à Paris, lors de ses débuts en France avec le Ballet du Kirov, le vendredi 19 mai 1961 au Palais Garnier. A l’époque « La Bayadère » n’était joué qu’en URSS, et seul le troisième acte, celui des « Ombres » (que Noureev considérait comme le chef d‘œuvre absolu de Petipa) fut représenté à Paris.
Inoubliable vision de ce jeune garçon en légère tunique indienne bleue -dessinée par lui-même- la taille serrée dans une ceinture blanche, le front ceint d’un turban orné d’une aigrette, superbe félin face à sa partenaire Olga Moïsseva dans le duo de l’écharpe, homme oiseau planant dans sa variation, celle du second acte, exceptionnellement incluse dans « Les Ombres » pour Noureev ce soir là .
Le coup de foudre de Paris pour ce jeune dieu fut immédiat. C’est Noureev qui remonta cet acte en occident, la première fois pour le Royal Ballet en 1963, puis pour le Ballet de l’Opéra de Paris en octobre 1974. Lui-même dansait le rôle de Solor aux côtés de Noëlla Pontois.
Noureev aimait raconter à ses amis les circonstances de ses débuts dans « La Bayadère » au Kirov en 1959 : » C’est Natalia Doudinskaia, de vingt cinq ans mon aînée, qui exigea de son mari Constantin Sergueiev, le directeur du Ballet, que je danse ce rôle pour la première fois avec elle. Le matin de la représentation, le 23 octobre, elle me téléphone pour me dire qu’elle s’est coupée le doigt en épluchant des légumes et que la représentation du soir serait donc annulée. « Mais ce n’est pas possible », ai-je clamé désespéré, «Mes parents sont venus tout exprès d’Oufa pour me voir danser ! Laissez moi débuter avec une autre partenaire ». – « Non, car tu as travaillé le rôle avec moi et je ne veux pas que tu le danses avec une autre »- . J’ai tellement pleuré et insisté que finalement Doudinskaia, qui m’aimait beaucoup, a cédé, et c’est Olga Moïsseïeva qui a accepté de danser les trois actes de « La Bayadère » le soir même sans répétition. J’ai remporté un tel succès que de nombreuses personnes sont venus féliciter mes parents d’avoir un fils aussi doué. Pour la première fois mon père s’est montré fier de moi ! »
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LA BAYADERE est le dernier grand ballet en trois actes que Rudolf chorégraphia pour l’Opéra de Paris dans une production d’Ezio Frigerio demeurée célèbre. Ce fut à l’occasion de cette création, le 8 octobre 1992 –avec Isabelle Guérin, Elisabeth Platel et Laurent Hilaire- que Rudolf Noureev, déjà gravement touché par la maladie, fit sa dernière apparition en public, recevant les « standing ovations » d’une salle bouleversée. Ce soir là Paris rendit pleinement justice au grand artiste et chorégraphe, et découvrit émerveillé un chef d’œuvre du répertoire jusqu’à ce jour totalement inconnu en France.