1985 – CASSE-NOISETTE


CASSE-NOISETTE par operadeparis

La version de Casse-Noisette de Rudolf Noureev

Rudolf Noureev avait dansé – alors qu’il était encore à l’Ecole Vaganova – un des enfants de Casse-Noisette dans la version de Vassili Vainonen, une des plus fidèles à l’oeuvre originale. Il dansera aussi le Prince quelques années plus tard.

Après avoir choisi de vivre en Europe en 1961, Rudolf Noureev monte sa première version de Casse-Noisette en 1967 pour l’Opéra Royal de Stockholm. Il s’attache au fantastique du conte d’Hoffmann – moins innocent qu’il n’y paraît – démystifiant l’aspect « sucrerie » du ballet pour s’intéresser aux peurs et aux cauchemars de Clara, liés à l’éveil de sa féminité.
Elle y vivra ses premiers émois d’adolescente : obscur objet du désir, le jouet que l’aimable Drosselmeyer lui a offert se métamorphosera en un charmant jeune homme, prêt à affronter pour elle tous les empêcheurs d’aimer en rond.

L’année suivante, en 1968, il reprend Casse-Noisette au Royal Ballet de Londres et le danse avec Merle Park.

Il donne aussi sa production à la Scala de Milan (1969) puis au Théâtre Colon de Buenos-Aires (1971).
Enfin, avec la complicité de Nicholas Georgiadis pour les décors et les costumes, Noureev réalise un Casse-Noisette plus approndi, mystérieux et freudien à l’Opéra de Berlin en 1979.
Il y affirme sa conception d’une histoire qui est entièrement rêvée par Clara dans son sommeil : parents, amis et enfants resurgissent pour se faire menaçants. Transposés dans ce songe nocturne, les voilà devenus les rats – prévus dans le scénario de Petipa – mais aussi des chauves-souris à la tête humaine : famille, comme il est difficle de vous aimer !
Face à ces apparitions effrayantes, seul le Casse-Noisette se montre secourable : il se transforme en un chevalier blanc qui sauve Clara en beau prince, comme dans les contes de fées.
Pour Clara, le visage de ce prince n’est pas inconnu, car il a les traits du parrain de Drosselmeyer, en plus jeune et sans bandeau sur l’oeil : Drosselmeyer est si gentil avec elle, affectueux et merveilleux compagnon de jeux, du reste magicien, un « idéal » d’homme en somme.

Comme l’on ne rêve que de ce que l’on connaît déjà, Clara continue de transposer dans ses fantasmes les personnages de sa vie quotidienne les danses espagnoles, arabes, chinoises et russes sont exécutées par différents membres de la famille et les invités qui étaient – tout à l’heure – réunis autour de l’arbre de Noël.
Et si, chez Petipa, ces danses de caractère évoquaient le royaume des saveurs (chocolat, café, thé et vodka) elles sont ici, chez Noureev, celles du voyage « exotique » – initiatique – la jeune Clara découvrant le monde, au bras de son prince mentor.

La production de Casse-Noisette pour l’Opéra de Paris

Pour la production de l’Opéra de Paris (1985) Rudolf Noureev poursuit cette idée qu’il développe avec plus de profondeur en opposant la vie de l’extérieur (les passants dans la rue) à l’intimité de la maison, comme il met en contraste la banalité de la réalité (la vie familiale) et le monde intérieur, préservé et riche d’imaginaire de Clara.

« C’est comme dans Petrouchka, disait Noureev, la vie s’écoule au dehors, bruyante et joyeuse, et à l’intérieur du petit théâtre de foire – dans l’univers clos de la boîte – se joue un drame intime. »

En savoir plus !

Casse Noisette fut créé le 18 décembre 1892 au Théâtre Marie de Saint-Petersbourg. C’est à la demande d’Erick Bruhn que Rudolf Noureev monte Casse Noisette pour la première fois en novembre 1967 pour le Ballet Royal de Suède. Cette version sera reprise plusieurs fois à Londres, Milan, Buenos Aires et Berlin. Le livret original de Marius Petipa (d’après l’adaptation qu’Alexandre Dumas a faite d’un conte d’Hoffmann) est profondément remanié par Noureev qui donne à sa version de « Casse Noisette » une dimension psychanalytique : Drosselmeyer et le Prince ne font qu’un et représentent un idéal masculin rêvé par l’héroïne, passant de l’enfance à l’adolescence. En 1988, Rudolf Noureev réalise une production filmée du ballet avec Elisabeth Maurin dans le rôle de Clara et Laurent Hilaire dans celui de Drosselmeyer. C’est sur le plateau du tournage de Casse-Noisette, dans les studios de Bry sur Marne, que Rudolf Noureev nomme Elisabeth Maurin « Étoile ».

Première de la nouvelle version de Rudolf Noureev

17 novembre 1967, Royal Swedish Ballet – Stockholm

Les productions de la version de Rudolf Noureev :

29 Février 1968 – version pour le Royal Ballet – London avec les décors et costumes de Nicholas Georgiadis

18 Septembre 1969 – Ballet de La Scala Milan

6 Avril 1971 – Ballet du Teatro Colon – Buenos Aires

3 Novembre 1979 – Ballet du Deutsche Oper Berlin

19 Décembre 1985 – Version définitive pour le Ballet de l’Opéra de Paris

28 Octobre 1994 – Finnish National Ballet – Helsinki

7 October 2012 – Première de la version de Rudolf Noureev au Weiner Staatoper